Les wind towers ou la climatisation du désert

L’Iran est un pays splendide et composite. C’est à peu de choses près comme ça que nous décrivons ce pays à nos amis et notre famille. L’exemple que nous prenons généralement, parce qu’on radote, c’est lorsqu’on traverse un désert en voiture et qu’on aperçoit au loin les montagnes enneigées. A peine avons-nous le temps de nous en émerveiller que le désert cède la place à d’imposants canyons presque sortis de nulle part, les sommets enneigés toujours au loin. Puis de la steppe. Et aussi soudainement, on est dans la montagne, dans un petit village creusé à même la roche, rouge. C’est beau et c’est grandiose. On ne s’y attend pas. C’est l’Iran.

Star Wars ?

Les villes ne sont pas en reste. Ça fourmille dans les rues, la circulation est toujours impressionnante, les boutiques, petites, mais fournies, sont toujours pleines de monde. En contraste de ces lumières, de ce monde et de ce bruit, on s’émerveille devant la majesté des maisons historiques en briques ou en adobe, des jardins, des mosquées anciennes et de leurs minarets, des « Wind Towers » qui déchirent l’horizon…

La Wind Tower, « badgir » en farsi, littéralement attrape vent est l’un des exemples les plus fameux de l’ingéniosité perse pour ce qui est de la gestion de la chaleur. Désert oblige. Elles ressemblent à une sorte de grande cheminée, la plupart du temps carrées ou octogonales et percée de fentes à leur sommet. Le principe est de capter le vent au sommet de la tour depuis les fentes, de le redistribuer en bas, refroidi et d’évacuer l’air chaud accumulé dans la pièce où la tour est située. Ce système est utilisée pour refroidir les maisons, les mosquées, mais aussi les réservoirs d’eau de la ville. L’eau en resterait presque glacée pendant les mois d’été. Le touriste suspicieux de la grandiloquence de son guide reste dubitatif. Mais il s’incline lorsqu’il pénètre dans une pièce alimentée par une wind tower et remet aussi vite sa petite laine. A croire que toutes ces tours qu’il a pu voir n’ont finalement pas été un caprice devenu à la mode d’un obscur Khan.

Comment ça fonctionne?

Tout est une question d’architecture, pour capter le vent et le diriger.
Et de pression, pour faire circuler l’air.
Et de matériaux, pour limiter la transmission de chaleur.

La tour est séparée en différents conduits où circulent l’air chaud ou froid. A son sommet, elle est ouverte en fentes légèrement obliques ce qui permet d’attraper le vent et de le rediriger vers le bas. Même lorsqu’il n’y a que peu de vent, la différence de pression entre l’air chaud et l’air frais permet la circulation de l’air via les différents conduits qui séparent la tour : l’air chaud remonte, l’air frais descend. Lorsqu’il n’y a pas de vent, l’air contenu dans la tour se réchauffe, donc remonte, ce qui créée un appel d’air qui ventile la pièce où se trouve la tour.
Par ailleurs, la tour est construite en une sorte de torchis appelé adobe, mélange de terre, argile, sable, fibre naturelle. Ce matériau, à la différence par exemple de la pierre ou du métal, conduit mal la chaleur.
Souvent, on rajoute un bassin au pied de la tour pour refroidir encore davantage l’air chaud, la plupart du temps rempli par un qanat. Un qanat, c’est un très ancien système de canalisation souterraine qui récupère l’eau des montagnes et l’achemine jusque dans le désert. L’eau est très fraîche puisque jamais en contact avec le soleil.
En agrégeant le froid, notamment la nuit, l’eau permet de refroidir l’air chauffé par le soleil de la journée.

La climatisation est plus ancienne qu’on ne le croit.

La climatisation du futur?

On retrouve des sortes de wind towers en ancienne Egypte, datée autour de 1 300 ans avant JC. Aujourd’hui, des grands chantiers, notamment en Iran, les réintroduisent dans leurs projets architecturaux. Les wind towers redeviennent pertinentes.
Les matériaux utilisés pour leur construction sont économiques et durables ; le système de refroidissement ne nécessite pas de matière première et le vent est sa seule alimentation. 

Les wind towers seraient-elles la climatisation écologique du futur? Écologiques, durables, autonomes, orientables et modulables selon les vents pour plus d’optimisation, moins imposantes et plus esthétiques qu’une éolienne… C’est en tout cas une voie à explorer et à démocratiser.

Pour aller plus loin

http://www.inive.org/members_area/medias/pdf/Inive%5Cpalenc%5C2005%5CGhaemmaghami.pdf
Youtube

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